cicatrice cheloide
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Tout savoir sur les cicatrices chéloïdes et leurs traitements

Vous avez une cicatrice en relief qui ne part pas, qui gratte, qui reste épaisse, qui donne un aspect bosselé ? C’est sûrement une cicatrice chéloïde.

Les chéloïdes, qu’on prononce « kéloïde », peuvent en effet rendre la cicatrisation longue, inesthétique et parfois même douloureuse. Alors que faire pour les soigner ? Comment les atténuer ? Et surtout, que faire pour éviter leur formation ?

Dans cet article, découvrez les réponses à ces questions. Nos experts vous donnent des solutions concrètes et des astuces pour mieux gérer ces cicatrices chéloïdes tenaces.

Qu'est-ce qu'une cicatrice chéloïde ?

Une cicatrice chéloïde, c'est une cicatrice qui dépasse largement la zone de blessure initiale.  

Contrairement aux cicatrices normales qui s’arrêtent une fois la peau réparée, la chéloïde continue de se développer.  La peau fabrique beaucoup plus de tissu cicatriciel que nécessaire, un peu comme si elle était en mode "réparation" sans s’arrêter. Cela crée un relief plus épais et douloureux. Les cicatrices chéloïdes se forment lorsque le corps produit trop de collagène pendant une longue période d'inflammation.  

Certaines personnes sont génétiquement plus susceptibles de développer ce type de cicatrice, qui apparaît souvent sur des parties du corps sujettes aux frottements ou aux mouvements, comme le dos, la poitrine, les épaules (et parfois les lobes d'oreille)(1).  

Les chéloïdes peuvent prendre différentes formes(1) : certaines sont plates et s'étendent, d'autres sont plus bombées et épaisses.

Causes et facteurs de risque des cicatrices chéloïdes

Les chéloïdes apparaissent quand la cicatrisation "s'emballe". Plusieurs éléments en cause dans la formation de cicatrices chéloïdes(2) :

  • Une inflammation de la plaie qui dure trop longtemps.
  • Une réponse immunitaire trop forte (le corps se défend de manière excessive).
  • Des fibroblastes (cellules responsables de la cicatrisation) hyperactifs.
  • Des tensions mécaniques sur la cicatrice (dans les zones qui bougent souvent notamment comme les épaules ou le dos).

A cela s’ajoutent des facteurs de risques génétiques, hormonaux et environnementaux(3):

  • Certaines personnes, surtout celles à peau foncée, sont naturellement plus sujettes aux chéloïdes.
  • Les changements hormonaux, comme à l’adolescence ou pendant la grossesse, augmentent le risque.
  • Certains modes de vie, avec du stress, du tabagisme, une mauvaise alimentation, peuvent aussi aggraver l’inflammation et favoriser les chéloïdes.
cicatrice chéloïde symptomes

Symptômes des cicatrices chéloïde

Les chéloïdes, ce sont des cicatrices "qui débordent" : elles s'étendent au-delà de la plaie de départ.  

Visuellement, elles sont le plus souvent épaisses et bombées. C’est à la base une cicatrice rouge, qui peut cependant varier du rose au brun foncé. Elles sont très visibles, surtout sur des zones comme les lobes d’oreille, le torse ou les épaules. Autre caractéristique : les cicatrices chéloïdes font plutôt mal, comme une irritation constante et elles ont tendance à beaucoup démanger

Pour toutes ces raisons (symptômes visibles et inesthétiques, douleurs, démangeaison au niveau de la cicatrice, mouvements inconfortables…), les chéloïdes ont un impact important sur la qualité de vie(4, 5) et rendent certaines interactions sociales et activités quotidiennes très difficiles.

Formation des cicatrices chéloïde

Normalement, après une blessure, la peau se répare en trois étapes : inflammation, prolifération, et remodelage.

Dans le cas des chéloïdes, chacune de ces étapes s’emballe :

  • La phase inflammatoire s’éternise, ce qui pousse les cellules à produire du collagène en excès.
  • La phase proliférative s’intensifie et les cellules cicatrisantes (fibroblastes) continuent de fabriquer du tissu cicatriciel qui s’étend.
  • La phase de remodelage est inefficace et la cicatrice chéloïde reste épaisse et visible.

Différence entre cicatrice chéloïde et cicatrice hypertrophique

Visuellement, on peut différencier les deux par leur étendue. Pour des cas plus complexes, des examens microscopiques peuvent être réalisés pour observer la structure du tissu en profondeur.

Cicatrice hypertrophique

Une cicatrice hypertrophique est comme une « bosse » qui reste dans les lignes : elle se développe uniquement sur la zone de la blessure et peut diminuer avec le temps(6).

cicatrice hypertrophique
cicatrice chéloïde

Cicatrice chéloïde

A l’inverse, une cicatrice chéloïde dépasse les limites, continue de croître au-delà de la plaie, et ne régresse pas spontanément(6).

Traitements disponibles pour les cicatrices chéloïdes

Les cicatrices chéloïdes sont tenaces et difficiles à traiter. Voici néanmoins un aperçu des traitements possibles.

Injections de corticostéroïdes

Les injections de corticostéroïdes fonctionnent un peu comme un "frein" pour la cicatrice en calmant l’inflammation et en réduisant la production de collagène(7). Elles aident à réduire la taille et les symptômes de la chéloïde, mais l’efficacité est très variable.

Traitement par gel de silicone

Ce gel, appliqué directement sur la cicatrice chéloïde, agit comme une couche protectrice et aide à aplatir la chéloïde. Il est souvent utilisé en complément d’autres traitements, car son action n’est pas suffisante pour avoir de bons résultats.

Traitement au laser

Le laser, un peu comme une gomme, aide à lisser la cicatrice chéloïde et à améliorer sa couleur. Les lasers ablatifs comme le laser CO2 ou le laser Erbium semblent les plus efficaces(8), mais il faut plusieurs séances pour voir des résultats durables. Ils agissent en détruisant l’excès de tissu cicatriciel.

Exérèse chirurgicale

Cette intervention consiste à retirer la chéloïde. On la combine avec des injections ou de la radiothérapie pour éviter une récidive(9).

Radiothérapie

Après une exérèse chirurgicale, la radiothérapie est en général proposée pour réduire les risques de récidive de la chéloïde(9). Des effets indésirables sont possibles comme des changements cutanés. C’est donc réservé aux cas de cicatrice chéloïde les plus difficiles.

Options de prévention pour éviter les cicatrices chéloïdes

Pour minimiser le développement de cicatrice chéloïde, voici quelques conseils :

  • Évitez de tirer ou d’étirer la plaie, évitez les piercings...
  • Utilisez des pansements spéciaux, imprégnés de médicaments ou de miel thérapeutique, pour aider à calmer l’inflammation.
  • Utilisez des feuilles de gel de silicone pour aider à lisser la cicatrice dès le début.
  • Protégez la plaie de toute exposition solaire.

Gestion quotidienne des cicatrices chéloïdes

Si vous avez une cicatrice chéloïde, voici ce que vous pouvez déjà faire chaque jour : 

  • Nettoyez-la avec de l’eau et un savon doux.
  • Hydratez quotidiennement.
  • Portez des vêtements compressifs (pour aplatir la cicatrice).
  • Protégez-la des expositions solaires (vêtements ou soin solaire SPF50).
Crème cicatrice cheloide

Possibilité de disparition spontanée des cicatrices chéloïdes

Les cicatrices chéloïdes sont malheureusement connues pour être persistantes. Elles ne disparaissent pas d'elles-mêmes et nécessitent des traitements ciblés et souvent combinés.

Conseils pour les personnes sujettes aux cicatrices chéloïdes

Si vous êtes sujet aux cicatrices chéloïdes, pensez déjà à éviter toute tension de la peau après une blessure et à bien hydrater la peau.

Consultation pour une cicatrice chéloïde

Lors d’une consultation pour une cicatrice chéloïde, le médecin examinera la cicatrice et parlera avec vous des moyens possibles pour la traiter. Il vous dira aussi comment prendre soin de votre chéloïde à la maison : l’hygiène quotidienne et l’hydratation de la peau, les techniques de compression par les vêtements ou des bandages, la protection solaire, les massages de la chéloïde…

Sources : 

(1) Limandjaja, G., Niessen, F., Scheper, R., & Gibbs, S. (2020). The Keloid Disorder: Heterogeneity, Histopathology, Mechanisms and Models. Frontiers in Cell and Developmental Biology, 8. 
(2) Shen, Z., Shao, J., Sun, J., & Xu, J. (2022). Exosomes released by melanocytes modulate fibroblasts to promote keloid formation: a pilot study. Journal of Zhejiang University-SCIENCE B, 23, 699 - 704.  
(3) Huang, C., & Ogawa, R. (2020). Systemic factors that shape cutaneous pathological scarring. The FASEB Journal, 34, 13171 - 13184.
(4) Kim, M., Mirsky, N., Spielman, A., Mathew, P., Yechieli, R., Tang, J., & Thaller, S. (2022). Evaluating Symptomatic and Psychosocial Well-being After Keloid Treatment With SCAR-Q.. Aesthetic surgery journal.
(5) Kassi, K., Kouamé, K., Kouassi, A., Allou, A., Kouassi, I., Kourouma, S., Ecra, E., & Sangaré, A. (2020). Quality of life in black African patients with keloid scars. Dermatology Reports, 12.
(6) Limandjaja, G., Niessen, F., Scheper, R., & Gibbs, S. (2020). Hypertrophic scars and keloids: Overview of the evidence and practical guide for differentiating between these abnormal scars. Experimental Dermatology, 30, 146 - 161.
(7) Wang, R., Danielsen, P., Ågren, M., Duke, J., Wood, F., Zeng, X., Mao, Y., & Cen, Y. (2021). Corticosteroid Injection Alone or Combined with Surgical Excision of Keloids versus Other Therapies Including Ionising Radiotherapy: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomised Controlled Trials. European Burn Journal, 2, 41-54.
(8) Oosterhoff, T., Beekman, V., List, J., & Niessen, F. (2020). Laser treatment of specific scar characteristics in hypertrophic scars and keloid: A systematic review.. Journal of plastic, reconstructive & aesthetic surgery : JPRAS, 74 1, 48-64 .
(9) Wang, R., Danielsen, P., Ågren, M., Duke, J., Wood, F., Zeng, X., Mao, Y., & Cen, Y. (2021). Corticosteroid Injection Alone or Combined with Surgical Excision of Keloids versus Other Therapies Including Ionising Radiotherapy: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomised Controlled Trials. European Burn Journal, 2, 41-54.

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